Article par dans Courrier international le 2 mai 2023.
“Une Bourse chinoise de données a pour la première fois bouclé une transaction impliquant des données personnelles, qui pourrait permettre à des demandeurs d’emploi de recevoir une part des bénéfices issus de la vente de données tirées de leur CV”, rapporte le journal hongkongais South China Morning Post ce 2 mai.
“Avec le consentement d’utilisateurs individuels, la société technologique locale Hao Huo collecte leurs CV et transforme l’information en un ‘produit de données’, ce qui la rend exploitable et assure la protection de la vie privée”, précise le quotidien sur la base des explications données par les autorités du Guizhou, la province du sud-ouest de la Chine où se situe cette Bourse d’échange.
Les données sont ensuite offertes sur la Bourse, “où des employeurs peuvent les acheter”. Selon les autorités locales, ce système “permet à des demandeurs d’emploi de gagner de l’argent alors qu’ils cherchent un travail”.
Un commerce vu comme stratégique par Pékin
Cette Bourse d’échange de données est la première du genre à avoir été créée en Chine, en 2015. Elle a dégagé jusqu’ici un chiffre d’affaires modeste : environ 80 millions de dollars cumulés.
Comme le souligne le South China Morning Post, “les autorités chinoises voient dans les données un facteur de production au même titre que la propriété foncière ou le travail, et tentent de développer un ‘marché’.”
Pékin a produit “des plans stratégiques” pour développer le commerce de données, “tout en renforçant nettement les pénalités pour violation de la sécurité des données et de la vie privée”.
Données sensibles
En novembre dernier, il y avait en Chine 48 Bourses d’échange locales de données et 8 autres en cours de développement, selon un livre blanc cité par le South China Morning Post.
Toutefois, jusqu’ici, les échanges sur ces Bourses “étaient limités à des données de marché n’impliquant pas d’informations personnelles. Sur la Bourse de Shenzhen, par exemple, l’entreprise publique China Southern Power Grid offre des données d’entreprises pour l’évaluation du risque de crédit sur la base de la consommation d’électricité, achetées notamment par des banques.”
Le journal souligne que “les données personnelles sont particulièrement sensibles, car elles tombent sous la coupe de la stricte loi chinoise de protection des informations personnelles”.